Corse

Il ne faudrait pas, dans ce chapitre des régions méridionales, oublier ce coin de France que l’on peut classer dans le « Midi et quart » et je veux parler de la Corse.

L’Ile de Beauté (ah! qu’elle mérite bien son joli nom) ne fut visitée qu’une seule fois par nous de façon patagonne.

Après une tentative infructueuse de la traversée du Désert des Agriates en longeant le rivage de la Grande Bleue (où nous avions dû capituler, vaincus autant par la rareté de l’eau potable que par la rudesse du maquis) Françoise et moi fîmes, un peu plus au sud, la jonction entre les villages de Galeria et Girolata en franchissant le Col de Fuata. Celui-ci, même s’il ne dépasse guère trois cents mètres, nous fit très abondamment transpirer. Car la chaleur n’était pas un vain mot sur ce parcours où, de plus, l’orientation était très délicate, car en 1964, les G.R. et autres sentiers balisés n’existaient pas encore en Corse.

Nous sortîmes de cette randonnée assez bien fatigués et avec des pantalons gluants du suc des arbustes du maquis traversé, mais avec les yeux pleins des sauvages paysages découverts et des souvenirs que nous ne sommes pas près d’oublier. Pour couronner ce trajet, nous prîmes un bain de mer, inoubliable lui aussi, en arrivant dans le merveilleux Golfe de Girolata et ce n’était pas superflu après les efforts fournis sur cet itinéraire.

L’ensemble reste d’ailleurs pour nous un souvenir d’une force peu commune et le site de Girolata fait partie des « lieux saints » de notre panthéon personnel qui s’est constitué au cours des années lors de nos diverses vadrouilles…

Malgré ces épreuves physiques assez dures, la Corse reste pour nous un souvenir magnifique et un de mes regrets est que nous n’y soyons pas revenus de façon patagonne d’autres fois, mais seulement en touristes motorisés.

Ces périples ultérieurs, même s’ils furent parfois réalisés en couchant sous la tente, n’étaient que des vacances dépourvues du véritable esprit patagon. Il faut dire que ces voyages furent menés accompagnés de nos trois jeunes enfants pour qui le camping ne devait pas constituer une activité par trop fatigante. Aussi, à l’exception d’une ascension au Monte Cinto avec mon petit Pierre au cours de laquelle nous bivouaquâmes en cours de route et qui fut une promenade inoubliable, toute cette seconde sorte de voyages en Corse a indiscutablement un parfum de Mathieuisme.

Enfin, arrivés à l’âge mûr, alors que la rudesse des itinéraires de l’Ile de Beauté était devenus trop ardue pour nos vieilles jambes, Françoise et moi sommes cependant revenus plusieurs fois pour admirer cette île que les Grecs des temps anciens avaient appelée si justement Kalliste, c’est-à-dire: la plus belle…

Je pense d’ailleurs que, pour chacun, cette île magnifique ne peut que rester une image à part du reste de la France, de ce que les Corses appellent « le Continent » au large duquel ils restent ancrés avec un ferme esprit d’indépendance avec parfois les excès que cela sous-entend.