Sautons de nouveau à travers la France pour parler du Sud-Ouest Aquitain.
Notre fille Martine s’étant mariée dans la région d’Angoulême, c’est surtout à partir de ce moment que nous avons eu l’occasion de faire connaissance avec les paysages de ce quart sud-ouest de l’Hexagone.
Pendant mon service militaire cependant, depuis une garnison tenue à Angoulême, j’avais fait une randonnée dans les Landes: c’était un peu avant Noël et j’y avais rencontré des températures assez étonnantes. En effet, le ciel clair provoquait d’assez fortes gelées la nuit, alors que le jour, sous le soleil, il y avait des moments de chaleur me poussant à randonner le torse nu!
Bien des années plus tard, lors de séjours familiaux en Charente, ce fut l’occasion de découvrir petit à petit les environs plus ou moins lointains autour du domicile de notre fille Martine.
La richesse en églises romanes de la région est un charme non négligeable, mais les paysages aussi sont souvent dignes d’intérêt. Si la Charente est assez plate sauf dans sa partie sud, dès que l’on va un peu plus loin on trouve des vallonnements souvent pittoresques qui récompensent le visiteur.
Le Périgord et le Quercy sont sans doute parmi les joyaux de ces pays occitans de l’Ouest où se concentrent, pour les plaisirs du touriste, une foule de choses remarquables. Citons, entre autres, une gastronomie qui n’est plus à faire connaître, une architecture sublimée par la couleur dorée du calcaire local, des rivières aux eaux pures, des falaises aussi riches en beauté qu’en souvenirs préhistoriques et des populations accueillantes qui parlent un Français dont l’accent est chaud comme un vin de Bergerac!
C’est au cours de l’été 1964 que, pour la première fois, nous découvrîmes les charmes de la région à l’occasion d’une croisière familiale à trois embarcations sur la belle Dordogne.
Françoise et moi voyagions en canoë avec notre fille Claude à peine grandelette, mais aussi avec Chantal et son mari Jean Prost ainsi que Michel, mon beau-frère: une véritable armada familiale qui, de Beaulieu à Beynac, navigua sur une centaine de kilomètres et égrena à cette occasion plus d’un camp mémorable sur les rives de ce magnifique cours d’eau.
Plus tard, c’est surtout à vélo que se poursuivirent ces randonnées périgourdines et quercinoises ayant parfois leur origine dans le Massif Central pour répondre au souhait de ma Françoise qui ne fait pas de complexes si elle commence une promenade par une bonne descente en roue libre…
Du Lioran à Bretenoux ou d’Egletons au Bugle, bien des sites harmonieux furent ainsi découverts.
C’est d’ailleurs cette dernière randonnée se terminant au Bugle qui constitue l’ultime voyage de cyclo-camping que je fis avec ma Françoise qui, depuis quelque temps, me laisse m’adonner seul à mes coupables activités de chemineau de luxe.
Plus tard, c’est donc seul et à vélo que je joignis Bois-Chabot, demeure de notre fille Martine en Charente, à Saint Sébastien en Espagne, ceci par une suite de paysages se transformant au fur et à mesure des kilomètres, depuis les collines du sud de la Charente jusqu’aux côtes rocheuses du Pays Basque.
Au passage, je saluai les alignements des cultures de fraises de Vegt en Dordogne, plusieurs grottes préhistoriques, des villages dans lesquels châteaux et modestes demeures sont faits de la même pierre dorée qui est un régal pour l’œil. Je vis des vignobles, prestigieux ou modestes, les eaux vives de la Dordogne et de la Vézère, les flots puissants de la Garonne qui font encore tourner des moulins à poissons. J’admirai aussi les plages de l’Atlantique qui s’étendent à perte de vue et derrière lesquelles se cachent les étangs landais qui se prennent pour des mers intérieures et qui se laissent découvrir au gré de bien belles pistes cyclables. Ces dernières se faufilent parmi les pins innombrables de ce qui est, je crois, la plus grande forêt de France.
Plus au nord de cette région d’Aquitaine, d’autres randonnées me firent découvrir les paysages, assez peu connus mais curieux, de la rive droite de la Gironde se terminant par la splendide église romane de Talmont qui salue de loin la rive sud de l’estuaire et ses installations pétrolières inesthétiques.
Ensuite, après Royan, abcès de fixation touristique, c’est la Côte Sauvage et sa forêt de pins dont les derniers arbres se terminent proches du rivage par des spécimens aux formes tourmentées par le vent et les embruns. Quel beau camp j’y fis, au soir d’un après-midi de pluie, en vue du Perthuis de Maumusson au-delà duquel se profilait l’Ile d’Oléron.
Les diverses Iles du Ponant furent toutes visitées tour à tour au cours de promenades successives et j’y localise certains très beaux camps, même si j’ai parfois un peu tendance à mélanger dans ma mémoire les paysages des îles d’Oléron, Ré ou Noirmoutier.
Bien sûr, comme beaucoup de lieux trop courus, il faut voir ces Iles du Ponant hors-saison. Mais alors, en dépit des résidences secondaires qu’elles ont attirées, qu’elles sont belles sans les touristes!…
Je crois avoir fait maintenant le tour des splendeurs parmi lesquelles j’ai eu la faveur de circuler en France et si j’en ai omis certaines, qui pourtant sont peut-être dignes de faire l’objet d’un paragraphe dans ce livre de mémoires, je m’en excuse sincèrement comme on s’excuse auprès d’un ami oublié.
Mais ces radotages, malgré leur longueur qui sautera aux yeux du lecteur, ne sont pour moi qu’un bien bref résumé des beautés et des joies rencontrées au cours de mes voyages de randonneur.
À peu de chose près, ces souvenirs évoquent la France, car moi, l’étranger d’Outre Quiévrain, je suis devenu au fil des ans un passionné de ce pays qui est maintenant le mien et que je trouve admirable, au sens exact de ce terme, pour ses diversités qui sont telles que je n’éprouve que bien rarement l’envie de sortir de l’Hexagone: on n’est pas plus chauvin!