Que Saint-Pierre punisse les compagnons de pêche inexacte aux rendez-vous ! Je connais peu de situations aussi énervantes que, quand vous êtes bouillant d’impatience de tremper du fil dans l’eau, vous devez attendre quelqu’un à qui vous avez fixé rendez-vous et que ce quelqu’un se fait désirer au-delà des limites permises.
Mais, au fait, quelles sont les limites permises ? Pour moi il n’y a qu’un quart d’heure que je fais le poireau et cela me semble déjà terriblement long ! C’est pourtant bien l’endroit : route de Vétheuil à Saint-Martin, dernière maison isolée et mon coéquipier, un maçon italien dont j’ai fait la connaissance, il y a huit jours, n’arrive toujours pas !
Je pense au temps si précieux à cette heure matinale, pour la pêche à la carpe au blé que je vais tenter aujourd’hui, pour la première fois de ma carrière, car dédaignant la friture je me lance, aujourd’hui, à la conquête du « gros ». Je suis plein d’espoir et d’impatience… mais j’attends…
Enfin, j’aperçois, là-bas, près de la rive de la Seine toute proche, qui décuple mon impatience, une silhouette qui semble bien me faire signe, près d’un bouquet de saules.
Sans descendre de vélo, je traverse, en cahotant, un pré de trèfle et m’attends à chaque seconde à me faire houspiller par le propriétaire.
Je rejoins, sans encombre, mon compagnon, (car c’est bien lui) et il m’explique, avec un « merveilleux » aplomb, que c’est moi qui suis en retard :
« Zé vous ai attendou oum po, pouis zé souis descendou pour commencer à pècher… »
Je ne discute pas : ce serait perte de temps et comme il a été assez aimable pour apporter le blé que je n’avais pas et s’encombrer d’un débutant à la pêche au blé…
Il m’apprend, avec gestes à l’appui, qu’hier soir il a pris, ici, deux carpes (1/2 et 1 livre) et des gardons. Mon cœur de pêcheur bondit et je me prépare avec entrain bien que mes jambes flageolent et que mon cœur soit barbouillé pour me rappeler que cette nuit j’ai eu une crise de foie carabinée (ah ! les trop bons dîners à la campagne…)
Bientôt, je suis en action de pêche…
Hélas, je dois bientôt déchanter : à part un gardon (car je ne suis pas bredouille) rien, pas la moindre prise. Mon compagnon n’a encore rien pris.
Je dois avouer, à ma honte, que mon moral est assez bas… A ma décharge, il faut dire que ma crise hépatique de la nuit se rappelle encore douloureusement à mon souvenir et que je dois lutter contre un vent froid avec la tête lourde et les jambes molles comme du coton.
Sur les conseils de mon initiateur nous posons nos cannes sur des supports et attendons la touche assis en haut du talus où si le vent est plus fort nous bénéficions, au moins, pour nous réchauffer, d’un soleil intermittent mais assez chaud.
Après une ou deux alertes sans suites, Jean, le maçon, prendra une carpe d’environ 300 grammes et en ratera une, qui semblait plus grosse (1 livre au moins) après une lutte de 10 secondes environ.
Quant à moi, à part deux ou trois gardons pris au ver pour remonter (combien peu…) mon tableau de pêche bien pauvre, je ne prendrais plus rien.
Mais voici midi et nous devons aller déjeuner. A cette après-midi, mes dames les carpes…
L’après-midi ne sera pas plus brillante.
Une petite carpe (200 grammes) pour mon ami et deux ou trois ablettes et goujons, au ver pour moi, grâce auxquels j’esquive la bredouille.
Voici les résultats, miteux mais sincère, de ma première pêche sérieuse, au blé.
- En cherchant la carpe
- Record
- Initiation I
- Initiation II
- Initiation III
- Concours
- Automne