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Essais sur l’Eure

14 février 194623 juin 2019, Carnet 2 Ile de France
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Quand Jean Blier et moi débarquons du train à Maintenon il fait encore noir : le jour ne sera guère levé que dans une demi-heure : il est 7h50.

Nous nous y attendions : c’est normal. Ce qui l’est moins c’est que nous ne voyons pas la gare. Serions-nous descendus en pleine campagne ? Pourtant ce quai… ce doit être une gare… Nous cherchons à droite, rien ; à gauche, rien non plus. Allons pourtant à droite en bons moutons de Panurge car la grosse majorité va dans cette direction.

Quand le train est reparti Jean et moi inspectons l’horizon. Toujours pas de gare ! J’avais entendu dire que Maintenon avait été bombardé assez sévèrement car son viaduc formait un objectif de première importance. Mais de là à imaginer que la gare avait été « rincée » à ce point…

Nous nous dirigeons vers une espèce de portillon qui, coupant une barrière forme, avec celle-ci et un espace de terre battue, la nouvelle gare. A droite doivent aussi se trouver quelques baraquements.

Une route descend le long d’une grande masse sombre qu’avec le jour, nous identifierons pour l’Aqueduc. Je déduis que l’Eure doit être au fond de cette vallée. A un carrefour, nous hésitons : gauche ? droite ? A la grâce de Dieu : à gauche. Mais voici un groupe qui va pouvoir nous renseigner :

« Pardon Messieurs, existe-t-il encore une maison ou un hôtel où l’on puisse coucher à Maintenon ? Et pour manger ? » Je suis impressionné par l’anéantissement de la gare que je m’attends tout naturellement à m’entendre dire que tout est en ruine.

« Pour manger vous avez la cantine là-bas. Quant aux hôtels, faut voir, mais vous aurez du mal… Voyez à Maintenon. »

Et de nous indiquer la route opposée à celle que nous suivons.

« Bah ! fais-je, d’ici ce soir nous aurons le temps de nous préoccuper de tout ça. Il fait nuit à 5h ½ et nous commencerons à chercher quand nous ne pourrons plus pêcher. »

« Mais, objecte Jean, et notre déjeuner ? »

« Nous avons nos casse-croûtes, fais-je… »

« Pas moi, répond Jean ! »

« Tu n’as pas ton casse-croûte ! Nom de … »

Je laisse alors échapper quelques expressions aussi inélégantes que peu courtoises que Jean entend et encaisse avec une sérénité remarquable. Enfin, tout s’arrange j’ai emporté un repas copieux (j’avais prévu déjeuner et diner) et nous le partagerons ce midi. Quant à ce soir nous trouverons bien un restaurant et un hôtel.

Vite un boulanger pour compléter le casse-croute. En voici un. Nous nous y documentons sur les ressources halieutiques du pays. On nous parle, avec geste évocateur à l’appui, de brochets « comme ça » dans les trous de bombes, près du viaduc bombardé.

En route donc pour la Viaduc, où nous arrivons alors que cesse de tomber la pluie fine qui tombait depuis quelques temps.

Arrivés sur place nous sommes considérablement refroidis : des mares d’eau plus ou moins engageantes alimentées par une jolie petite rivière, la Voise, mais profonde de 30 à 40 cm ! Et comme toile de fond : le Viaduc en réparation. Un chantier ! Nous serions venus jusqu’ici pour pêcher ça ?

Jean est catégorique : « J’aime mieux ne pas prendre de brochets que de les sortir dans un tel décor… »

Je suis entièrement de son avis !

Tant pis pour la Voise ; allons vers l’Eure. Nous y arrivons après quelques tâtonnements.

Quel joli cours d’eau ! Rivière à truites, disons-nous, or celle-ci est en train de frayer. Nous promettons de remettre à l’eau tous salmonidés qui se laisseraient prendre à nos engins.

Nous montons : j’étrenne aujourd’hui une canne à mouche (de nom seulement, car je pêche au ver) et un moulinet neuf. Que ne vais-je pas sortir avec ces deux bijoux et dans une rivière où je trouve des réminiscences du Petit Morin et de l’Epte…

Nous avons quelques touches l’un et l’autre et Jean sort une épinoche de 3 ou 4 cm.

C’est un poisson que je ne connaissais pas mais que j’aurais bientôt l’occasion d’examiner car j’en sors une presque aussitôt après mon camarade qui me fait un cour de morphologie épinoche : il connait ce poisson depuis sa déportation au titre du S.T.D. en Pologne.

Nous remettons le cours de l’Eure, du moins nous supposons que c’est elle, car je n’ai pas pensé à regarder le guide Michelin, mais Jean m’a dit que la rivière se divise en nombreux bras. Quant aux indigènes il semblerait que les bombardements ont quelque peu ébranlé leurs facultés d’analyse et d’observation, car, de ceux que nous avons interrogés jusqu’ici, bien peu nous ont fourni des renseignements clairs et précis.

En remontant le cours de la présumée Eure j’avise soudain un objet cylindrique rouillé qui me fait ressouvenir brusquement de nos craintes de tout à l’heure : y aurait-il des mines, par ici ?

Je désigne ma trouvaille à Jean et nous contournons précautionneusement l’objet suspect. Mais bientôt les « choses cylindriques » se multiplient ce qui nous rassure bien que cela paraisse paradoxale : en effet, si c’était des mines, les indigènes, si myopes et bornés semblent-ils être, les auraient vus et nous auraient prévenus. Nous continuons donc à remonter le cours d’eau mais nous ne sommes que partiellement rassurés malgré tout.

Bientôt nous arrivons devant une clôture qui limite une prairie où paissent des vaches… ou des taureaux ? Jean et moi sommes médiocrement attirés par la tauromachie, cependant, à la vue du détour à faire si nous ne coupons pas cet herbage (que nos imaginations transforment déjà en arènes sanglantes) nous résout à faire acte de courage bien involontaire d’ailleurs.

Et nous passons la barrière, si préoccupés des bovidés, que nous pensons à peine que nous sommes dans une propriété privée et que nous pourrions encourir les foudres du propriétaire.

A mesure que nous nous rapprochons des ruminants (ruminent-ils de mauvaises pensés à notre égard ?) nous obliquons vers la gauche où une barrière salvatrice pourrait éventuellement s’interposer entre nous et les cornes des animaux qui, là-bas… Nom d’un chien voilà un des animaux en question qui s’occupent à une besogne nettement virile : pas de doute il y a au-moins un taureau ! Et ces broussailles qui rendent la clôture quasi infranchissable, surtout avec notre attirail : sac à dos, épuisette, cannes, etc.

Horreur ! En voilà un qui nous regarde drôlement et le bout de l’herbage qui est encore à 500 mètres !

Enfin, nous y arrivons et, de la route où nous sommes maintenant, nous bravons vaches, taureaux, propriétaire, et tout.

Voici un moulin assez joli et, nous aventurant sur une digue, nous arrivons à un coin où ce remous est bien prometteur et d’où nous avons, dans tous les cas, un point de vue épatant sur l’herbage que nous venons de traverser si piteusement.

Jean et moi lançons nos lignes dans ce remous et nous y accrochons tous deux : moi avec ma chance habituelle j’arrive à sortir de la branche qui le retient, l’hameçon de ma ligne. Mais Jean doit casser.

Peu après touche pathétique à la ligne de mon compagnon : ferrage… rien. De même une seconde fois… puis une 3ème reprise et il sort… une épinoche ! Voilà donc ces touches pathétiques.

Allons voir plus loin… 800 mètres ou un kilomètre de marche et voici l’Aqueduc en ruine que nous avions entrevu ce matin dans le petit jour. Quel magnifique point de vue avec l’Eure qui coule paisiblement sous deux de ses arches. Nous passons au-travers d’une clôture de barbelés et après une descente à pic le long de l’Aqueduc dont les piles semblent si vieilles qu’on les croirait faites de blocs de falaises, nous voici au bord de l’eau.

Splendeur du soleil qui revient dans ce cadre charmant ! Je mitraille l’Aqueduc de photos. Une seule ombre au décor, ce parc (car c’en est un) où nous sommes est par endroits couvert de débris de munitions, d’obus plus ou moins désamorcés, de douilles déchiquetées, d’ailettes de bombes, de tôles crevées comme des écumoires par mille éclats.

Jean inaugure son nouvel appareil.
Jean inaugure son nouvel appareil.

Mais, dans le coin où nous sommes, c’est propre de débris guerriers et la nature semble paisible et pacifique : à droite, un pont de bois est jeté sur un bras de l’Eure, en face, les futaies dépouillés par l’hiver nous offrent des sons très doux, à gauche, seulement, dans l’encadrement d’une arche de l’Aqueduc, on aperçoit le Château de Maintenon dont une tour en réparation (reste du bombardement) lui donne un vague aspect de pagode chinoise.

Jean inaugure son nouvel appareil sur un bien joli décor !

Nous déjeunons et après nous être un peu essayé au lancer à la mouche, nous abandonnons le ver pour tenter le lancer.

J’ai aujourd’hui un moulinet Orédon neuf et une refendue de 2 000 avec laquelle je n’ai pas encore fait de lancer.

Un écriteau des plus encourageants…
Un écriteau des plus encourageants…

L’ensemble se révèle trop lourd pour ici car il n’y a pas de profondeur et avec 3 grammes, on racle le fond pour peu qu’on ne récupère pas trop vite.

Bientôt je délaisse la pêche pour essayer quelques photos, notamment pour tâcher de saisir un envol de poules d’eau dans le fond du parc.

Puis comme nous ne prenons rien nous évacuons la propriété par le même chemin que celui que nous avons emprunté pour entrer.

Sur la route nous trouvons un entassement de petites bombes avec un écriteau des plus encourageants : DANGER ! et plus loin un autre écriteau avec le même mot, et cet écriteau opposé sur le parc d’où nous sortons !

Cela nous fait réfléchir…

Plus loin, quand, découragés par le manque de profondeur d’eau de l’Eure, nous « plions » sur un pont, un vieux bonhomme, qui se révèle comme le démineur du Château, (propriété privée, explique-t-il en exhibant son permis pour y pénétrer), nous apprends que les eaux du Château sont pleines de toutes sortes de poissons ! Que croire ?

Ce confluent
Ce confluent

Le soir tombe et nous faisons une promenade avant le diner.

Que de jolis coins : ce ruisseau, ce confluent, cette cascade… que l’Eure est donc belle ! Mais si peu de poissons !

Bah ! Dans tous les cas ce n’est pas un dimanche perdu : que de jolis paysages !

Et puis j’ai découvert l’Eure. Tant pis si je n’ai pris que 7 épinoches !

Posted in Carnet 2, Ile de France
Tagged Jean, Maintenon
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Bernard Van Leckwyck

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